Neuchâtel,
cité des arbres
Près
de 200 espèces ligneuses poussent
sur la commune de Neuchâtel, un patrimoine extrêmement
riche que l’on ne soupçonnait pas il y a encore une décennie.
En milieu urbain, ces grands végétaux subissent diverses
atteintes. Il est donc nécessaire de leur assurer une certaine
protection. Depuis quelques années, la Ville de Neuchâtel
s’est dotée de nouveaux instruments pour gérer son
territoire. En 1994, elle adopte le nouveau plan directeur dans lequel
la gestion du patrimoine vert est englobée.
Dans le prolongement de cette action, un inventaire de 2323
arbres marquants situés hors des forêts a été établi en 1995:
il s’agit de spécimens isolés (546) ou en groupes (1777). 166
d’entre eux ont été désignés comme remarquables
(118 en ville et 48 à Chaumont) en fonction de leur
situation, de leurs dimensions, ainsi que de leur valeur botanique et/ou historique,
ce qui leur confèrent un statut d’objet naturel ou paysager protégé.
Tronc
d'érable, lierre et punaises au Mail (septembre 2001)
Le
plan d’aménagement et son règlement, entrés
en vigueur en 1999, traitent de toutes les interventions sur le patrimoine
arboricole de la ville, ceci dans le but de le préserver à long
terme. Il y est précisé que tout abattage et élagage
d’un arbre, dont le tronc, à un mètre de hauteur, a
une circonférence de plus de 60 cm, doit être soumis à une
autorisation. Cette disposition est valable sur le domaine public,
mais également sur les terrains privés.
Les vergers et
arbres fruitiers isolés sont non seulement
protégés, mais il faut veiller à les maintenir
ou à les rajeunir. Toute personne enlevant un fruitier sur
son terrain doit le remplacer par un arbre à haute tige. La
législation favorise également les cordons boisés,
les haies et les bosquets. Par ailleurs, toute atteinte à un
arbre (dégâts au tronc ou aux racines, prévention
insuffisante lors de travaux), délibérée ou
non, est assimilée à un abattage sans permission.
Lorsqu’une autorisation
d’abattage est délivrée, une
compensation est exigée: tout individu disparu doit être
remplacé, en plantant si possible un exemplaire de la même
essence et sur la même parcelle. Si ces conditions ne peuvent
pas être remplies, une contribution compensatoire est calculée
et la plantation est effectuée dans un espace public. Cela
ne concerne toutefois pas les coupes pour raisons sanitaires ou de
sécurité.
Un registre des
demandes d’autorisation est tenu afin de préserver
le patrimoine naturel de la ville et assurer sa continuité.
Des contrôles sont faits par une personne compétente
du Service des parcs et promenades, d’une part pour décider
du bien-fondé d’une intervention, et d’autre part pour confirmer
les mesures d’entretien et de compensation.
Sur le domaine
public, les stratégies adoptées divergent
en fonction de chaque situation. Ainsi, pour les parcs, mais également
pour les arbres d’alignement, l’intervention est planifiée
sur un long terme en fonction de la gestion du lieu et du développement
des individus. Pour ce faire, un plan d’arborisation est en cours
d’élaboration. Certains arrangements ont pour fonction de
marquer les entrées de la ville, d’autres servent d’éléments
d’orientation et d’accentuation du tissu urbain, ou encore mettent
en relief les lieux d’échange. De même, la plantation
des rives du lac a été conçue de façon à former
une unité. Une allée d’arbres est une intention urbanistique
claire, mais également un milieu de vie pour une multitude
d’animaux, de champignons et d’autres végétaux.
Françoise
Martinez (Service des parcs et promenades)
Liste des abattages d'arbres
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Conservation
des vieux arbres et des insectes du bois en Ville de Neuchâtel
Voici une affiche que Sylvie Barbalat, notre scientifique externe,
a fait en collaboration avec le service des Parcs et promenades pour
une présentation lors d'un congrès à Chambéry.
Neuchâtel,
cité des arbres
de
Marie-Marguerite Duckert-Henrioud, Blaise Mulhauser et Stéphanie
Perrochet.
Il
est en vente à la boutique du Musée
d'histoires naturelles de Neuchâtel.
Avant-propos
du livre
Nous
avons plus besoin de l’arbre qu’il n’a besoin de nous.
Il est là sous la toiture, dans nos meubles, nos papiers,
nos cheminées, nos crayons, nos fruits, nos remèdes...
et l’oxygène qu’il produit nous permet de ne pas
suffoquer sous les monoxydes de carbone de nos propres
inventions.
Pourtant,
quelle place lui laissons-nous? Celle, hélas, d’un
faire-valoir encastré dans les bacs de nos certitudes
urbanistiques. La population suisse est l’une de celles qui
a la plus grande espérance de vie au monde, 80 ans
en moyenne. Lorsque nous lui laissons le temps de grandir,
l’arbre atteint naturellement ce chiffre dans la force de
l’âge. En ville, le constat est plutôt amer:
sa longévité ne dépasse pas le demi-siècle.
Elle est donc bien plus faible que celle d’un être
humain. En revanche, plus haut, dans les forêts profondes,
il peut croître pendant des siècles, symbolisant
l’exemple même de la durabilité, un vrai palais
dans lequel les petits peuples invisibles vivent en équilibre.
Au-delà d’une
simple présentation botanique, mon souhait le plus
cher est de permettre au lecteur de mieux regarder. Présomptueux?
Certainement. Pourtant, en préparant ce livre, j’ai été surpris
d’entendre un photographe de la place me dire: "Parce qu’il
y a des arbres en ville?" Je ne lui lancerai pas la première
pierre; j’ai moi-même passé pendant plusieurs
années devant un tulipier majestueux sans même
le voir! Comment peut-on effacer de notre vision des éléments
aussi importants de notre paysage urbain? A l’architecte-paysagiste
qui n’y voit qu’une structure ou au propriétaire souvent
enclin à exercer son pouvoir de vie et de mort, j’aimerais
dire: "Plantez moins, mais pour plus longtemps. Protégez
vos arbres en leur laissant la place de grandir. Quand vous
aurez disparu, ils resteront les témoins de votre
action pour un développement durable".
Les
arbres racontent Neuchâtel. Les auteurs ont réalisé d’importantes
recherches dans les archives et les écrits sur la
cité pour mettre en lumière cette histoire
particulière de la ville et de ses lieux-dits. Certains
sont désormais célèbres: le pommier
de la rue du même nom, le mûrier de la place
du marché, le tilleul du Banneret et son compère
l’Y, le tilleul de Choqueroue, l’orme de l’Ancre et le hêtre
pleureur du jardin de Dürrenmatt, sans oublier les chênes
séculaires des forêts bordant la ville. Condensés
dans un seul opuscule, ces souvenirs immémoriaux n’en
prennent que plus de valeur.
Blaise
Mulhauser, Neuchâtel le 27 juillet 2002
|


Chêne
tricentenaire de
Champ-Monsieur (mai 2002)
|
|